Ce matin, j'ai à nouveau fait passer un bilan auditif à Allan (le dernier date de 2 ans). Allan présente une hyperacousie très importante à l'oreille gauche et une hyperacousie très faible à l'oreille droite.... L'hyperacousie résulte d'un dérèglement de l'appareil auditif neuronal. Elle se caractérise par un seuil de tolérance au bruit anormalement bas ; certains sons ou niveaux sonores, qui ne sont pas perçus par les autres comme forts ou désagréables, sont vécus comme pénibles, voire douloureux. Elle touche 1/3 des personnes autistes. En clair, le médecin me disait : "c'est comme si vous mettiez le volume de votre télévision au maximum ; voilà comment votre fils perçoit tous les sons au niveau de son oreille gauche. Ce qui explique d'ailleurs pourquoi Allan se bouche les oreilles aussi souvent. De plus, il entend des sons que vous et moi n'entendons pas et entend également les ultra-sons" (je dois donc proscrire les appareils style appareils anti-moustiques !!)". A un moment donné il me dit : "il entend à travers les murs". J'ai éclaté de rire ! . Il me regarde, très sérieux en me disant : "mais je ne plaisante pas ; il a une audition tellement développée, qu'il peut entendre ce qui se dit dans la pièce voisine". Je lui ai répondu : "donc en fait il a comme une oreille bionique... c'est ça...?" Mort de rire... Il m'a répondu : "oui c'est un peu ça en effet".

Il m'expliquait également que tous les nouveaux-nés entendent de cette manière à la naissance et ce, durant plusieurs mois. Après, normalement, des connections se font avec le cerveau et c'est alors celui-ci qui régule la perception des sons de l'appareil auditif. Hors, dans le cas d'Allan par exemple, ces connections ne se sont pas faites

Il me disait également qu'il est donc évident que l'hyperacousie occasionne forcément des troubles du comportement et du language.

Allan va bientôt porter des "obturateurs anti-bruit pour protection de traumatismes sonores". Grâce à ces prothèses auditives, il entendra tout à fait normalement.

Il manquait plus que ça !! Mais bon, positivons, une fois les prothèses auditives posées, Allan devrait trouver une certaine sérénité et surtout progresser au niveau du language ! Parce qu'en percevant les sons de manière aussi forte, je ne suis pas certaine du coup qu'il les entend comme il faut. Ce qui expliquerait qu'Allan rencontre tant de difficultés pour articuler...! A suivre...

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Christelle est retournée observer Allan, le 24 janvier dernier, car j'avais besoin qu'elle me confirme si Allan pouvait rester ou non seul durant une matinée à l'école, c'est dire sans accompagnement, donc, sans Astrid.

Sa maîtresse, Maria, me confirmait que c'était le cas, mais je voulais "l'oeil" d'une professionnelle.

Voici les résultats de cette matinée d'observation. Personnellement, quand je l'ai lu, ça m'a fait trop plaisir ; je suis trop fière de lui ! Il y a une chose importante à savoir : pouvoir laisser, seul en classe, un enfant autiste de cet âge, c'est tout simplement exceptionnel.

Toulouse, le 24.01.10

OBSERVATION A L ECOLE MONTESSORI

ALLAN AST

Allan a été observé lors d’une matinée où il était seul, soit sans l’intervenante qui l’accompagne habituellement. Cette matinée était un peu particulière, car son institutrice n’était pas là, et c’est une autre institutrice de l’école qui était présente dans sa classe.

Cette observation est donc différente de la première puisqu’il était seul et dans un contexte inhabituel pour lui.
 

• Temps d’accueil

Allan est capable de prendre des activités, seul sur les étagères. Il les manipule, mais « oublie » de les ranger avant d’aller en chercher une autre. Sur demande de l’institutrice, il peut en revanche aller les ranger.

Allan entend et prend en compte les consignes de l’institutrice, même si celle-ci lui parle de plus loin. A la consigne « fais le tour du tapis », Allan s’exécute de suite.

Lorsqu’il est en difficulté, Allan ne demande pas de l’aide spontanément, notamment pour ranger une activité sur une étagère où il n’y a pas assez de place. En revanche il suivra la maîtresse sans difficulté si celle-ci lui apporte son aide.

• Activités

Les activités sont toujours choisies par les enfants eux-mêmes, même si certaines peuvent être fortement suggérées par les institutrices. Lorsqu’il ne veut pas faire une des activités proposées, Allan dit spontanément « fini », ce qui n’est pas la formule appropriée mais qui permet de bien comprendre ce qu’il veut ou ne veut pas faire.
 

• Ranger des cubes dans une boîte (mode « TETRIS ») afin que celle-ci reste fermée. Allan essaie seul, puis n’y arrivant pas, il regarde attentivement comment fait la maîtresse et le refait immédiatement après. Au moment de la ranger sr l’étagère, la boîte tombe par terre, et les éléments se dispersent. Un des morceaux tombe sous l’étagère. Allan regarde partout et au bout de quelques minutes de persévérance, il regarde spontanément sous le meuble. C’est un comportement tout à fait nouveau pour Allan, non seulement de persévérer pour tout ranger correctement, et de chercher vraiment partout la pièce manquante.

• Lors de toutes ses activités, et pendant les transitions entre celles-ci, Allan regarde beaucoup les autres enfants. Il observe comment ils manipulent les différents objets.

• Petites perles à trier = Allan réalise seul l’activité, sans qu’on lui ait montré ce qu’il fallait faire avec ce matériel

• Coin des livres = Allan prend spontanément un livre dont il regarde les images. Quelques minutes plus tard, d’autres enfants le rejoignent ainsi que la maîtresse. Il ne tient pas compte des autres enfants, et continue ses manipulations telles qu’il les avait commencées.

Il est encore difficile pour Allan de rester attentif à une histoire en petit groupe lorsqu’il ne manipule pas lui-même le livre, comme il le souhaiterait. Ceci peut être travaillé régulièrement avec les autres enfants en petit groupe.

• La salle de musique : pour la première fois de l’année, Allan a osé s’aventurer spontanément, et seul, dans une autre classe que la sienne. Il s’est rendu dans la salle de musique, où il n’y avait personne. La maîtresse m’apprend qu’il a été à la musique la semaine auparavant avec les autres enfants.

Dans la salle, il se colle à un matelas, et me regardant du coin de l’œil, il me répète « au revoir ».

Il fait plusieurs vocalises de chants tout seul comme des « oh… » en variant les intonations.

Il prend spontanément les différents instruments de musique et les essaie tour à tour.

Il regarde tout ce qui se trouve sur les étagères.

Cette intervention spontanée dans la salle de musique est très encourageante. Allan a pris soin de regarder tout ce qui s’y trouvait, mais jouait de manière adéquate avec tous les objets, sans oublier de les ranger à leur place. Il était dans une réelle exploitation des jeux et dans une production effective. Ce peut être intéressant de lui suggérer cette classe régulièrement, et de le laisser évoluer seul pour voir s’il continue à explorer et regarder autant les objets qui s’y trouvent. De plus, c’est une salle où peu d’enfants s’y rendent en dehors des temps de musique, où Allan peut retrouver un peu de calme.

• Du couloir qui sépare les deux classes, je lui demande d’aller chercher un mouchoir en classe, ce qu’il fait de suite tout seul.

• A plusieurs reprises, Allan a nommé spontanément des objets/images qui décorent les murs de sa classe. C’est tout à fait nouveau pour lui de faire cela.

C’est donc important de porter de l’attention à ce qu’il dit afin de l’encourager à continuer. Allan doit prendre la parole de plus en plus spontanément, sans que ce soit la réponse à une de nos questions. Lorsque l’on remarque qu’il nomme ainsi des objets, on peut lui en présenter d’autres, mais sans lui poser la question de type « c’est quoi ? ».

• Lorsqu’il veut boire, il va directement à l’évier pour se servir à boire. Il n’a pas encore intégré le coin des verres et/ou de demander à boire.

Ceci peut également être travaillé à chaque jour de présence.

• Jeu des sons d’animaux : La maîtresse demande à tous les enfants de se regrouper sur les tapis afin d’écouter tous ensemble les bruits des animaux. C’est alors difficile pour Allan de rester assis sur le tapis, puisqu’il semble impatient d’aller manger (tend à plusieurs reprises ses pictogrammes du repas, joue avec l’eau, etc…). La maîtresse le prend alors sur ses genoux et Allan a pu rester ainsi sans bouger et à écouter les différents bruits des animaux pendant au moins 15 minutes.

Ce jeu est très intéressant car cela lui demande de l’attention alors qu’il n’y a pas de supports. Allan est capable de faire certains bruits d’animaux (les plus communs), et de nommer les animaux par répétition.

• Moment du goûter : Allan peut tenir le bol avec les morceaux de fruits, mais son attention n’est pas encore suffisante pour qu’il tienne tout le tour. Il le fait pour 2 ou 3 enfants, puis s’arrêtent.

Il est important que pour toute activité commencée, Allan la finisse, même si c’est avec beaucoup de guidance.

• Moment des comptines : Allan écoute attentivement la maîtresse qui chante. Il imite à distance, alors que la maîtresse ne le regarde pas particulièrement.

L’imitation en groupe est importante et ce peut être utile qu’Allan soit systématiquement seul pendant ce temps. C’est un moment qu’il aime tout particulièrement et pour lequel il peut se concentrer.
 

• Conclusion

Allan a complètement adopté le fonctionnement de sa classe, même sans ses personnes « repères » habituelles. Il a pu évoluer seul, avec des temps d’observation et de réflexion très intéressants. Il a su mettre des stratégies en place, stratégies que l’on ne pourrait peut être pas constater si une personne l’accompagnait en permanence.

Il est certain que sans accompagnement, Allan est davantage dispersé, enclin aux stéréotypies, tant verbales que gestuelles, mais pourtant cela lui permet d’être pleinement autonome et de ne pas tenter de se « reposer » sur l’accompagnateur, et par là même d’en devenir « dépendant ».

Il me semble réellement intéressant de garder une demi-journée sans accompagnateur, afin qu’Allan continue à prendre de l’autonomie dans les différentes activités. Il est certain qu’il a toujours besoin de stimulation, notamment pour les interactions sociales qui ne sont absolument pas spontanées, mais il y a également beaucoup d’autres domaines de développement qu’il peut ainsi exploiter seul, et qui sont tout aussi importants.

GONDAT Christelle

Psychologue

Responsable de l’Unité Futuroschool-Toulouse