• Autisme : un rapport pointe le retard français

    Paru le mardi 24 janvier 2012 dans La Vie

    L'autisme, désigné Grande Cause Nationale 2012, était au cœur des rencontres parlementaires organisées le jeudi 12 janvier à l'Assemblée, en partenariat avec le Collectif Autisme. Un rapport pointe les retards importants en matière de prise en charge et les freins à une amélioration.

    Une centaine de députés de tout bord, des médecins, des chercheurs et des représentants de familles se sont réunis hier, jeudi 12 janvier, à l'Assemblée nationale, à l'occasion des premières rencontres parlementaires sur l'autisme. Alors que ce handicap vient d'être désigné Grande Cause nationale 2012, un rapport sur le bilan du plan autisme 2008-2010 a été remis par la sénatrice Valérie Létard à Roselyne Bachelot, ministre des solidarités et de la cohésion sociale. Il pointe les "retards importants" en France dans la prise en charge de ce handicap. En 2008, 3500 personnes atteintes ont dû s'expatrier en Belgique pour y trouver une structure adaptée.

    Avec un enfant sur 150 atteint et une augmentation des cas chaque année, l'autisme est devenu un problème de santé publique majeur mais aussi un enjeu de société. Un vif débat oppose deux conceptions de la prise en charge. D'un côté l'école psychanalytique, utilisée depuis 30 ans par une large majorité de psychiatres, et de l'autre les méthodes éducatives d'origine anglo-saxonne, qui s'appuient sur des techniques comportementalistes et la répétition de mêmes gestes, comme la méthode Aba. Pour Valérie Létard, même si "cette opposition tend (...) à s'atténuer, on peut encore observer de nombreux freins à l'acceptation d'un changement de paradigme." Or, "les approches éducatives (...) ont fait l'objet de nombreuses études qui en ont démontré l'efficacité, tandis que les thérapies psycho-analytiques n'ont jamais fait l'objet d'études pouvant valider leur bien fondé."

    Pour la sénatrice, il serait plus efficace de remplacer "le primat du soin par celui de l'éducation." A la demande de certaines associations de familles comme Vaincre l'autisme, le gouvernement français finance, depuis 2008, 23 structures expérimentales pour 500 enfants. Un plan qui reste insuffisant pour les associations. "Les structures peuvent accueillir un nombre limité d'enfants pour une demande bien trop importante", explique Vincent Gerhards, président du Collectif Autisme.

    Malgré la loi sur le handicap de février 2005, qui reconnaît à "tout enfant porteur du handicap le droit d'être inscrit dans l'école la plus proche de leur domicile", 80 % de ces enfants n'ont toujours pas accès à un établissement scolaire. "Cette loi est malheureusement à ce jour très peu appliquée", poursuit Vincent Gerhards. De nombreux autistes se retrouvent trop souvent dans des établissements inappropriées. Selon un rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), "près de 60% des personnes placées en isolement plus de 30 jours pendant leur séjour en hôpital psychiatrique sont autistes".


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