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    Autisme: La HAS désavoue la psychanalyse... mais pas trop

    Paru dans l'EXPRESS - Par Estelle Saget, publié le 08/03/2012 à 11:56, mis à jour à 15:06

    Autisme: La HAS désavoue la psychanalyse... mais pas trop

    Le rapport de la HAS met l'accent sur "l'absence de données sur l'efficacité des méthodes psychanalytiques" utilisées dans les cas d'autisme.

    REUTERS/Ali Jarekji

    La Haute autorité de santé a dévoilé ce matin sa position finale sur les traitements recommandables dans ce trouble de la communication. Elle est moins sévère que prévu. 

    La Haute autorité de santé (HAS) et l'Agence nationale de l'évaluation et de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) ont rendu publique ce matin la version définitive de leur recommandation de bonne pratique dans l'autisme, dont une version intermédiaire a suscité la polémique ces dernières semaines. Ces instances d'expertise indépendante classent finalement "les approches psychanalytiques" et "la psychothérapie institutionnelle" dans la catégorie des "interventions globales non consensuelles", comme on peut le lire page 27 de son rapport. Par ailleurs, elles prennent une position ferme contre une pratique psychanalytique particulièrement controversée, le packing, qui consiste à envelopper l'enfant dans des draps mouillés froids en cas de grande agitation. "En dehors de protocoles de recherche autorisés respectant la totalité des conditions définies par le Haut conseil de la santé publique, la HAS et l'ANESM sont formellement opposées à l'utilisation de cette pratique", écrit le groupe de travail page 32. 

    >> Pour lire le rapport de l'HAS, cliquez ici

    Cette recommandation constitue un désaveu de la psychanalyse appliquée au traitement de l'autisme, une pratique majoritaire en France mais combattue par les associations de familles d'enfants autistes. Le groupe de travail a cependant retenu une formulation moins forte que dans la version intermédiaire révélée par Libération le 13 février. La psychanalyse était en effet rangée dans la catégorie des interventions "non consensuelles ou non recommandées". Le rapport a donc évolué dans un sens plus favorables à la psychanalyse, ce qui ne manquera pas de susciter la protestation des associations de familles de patients. Concernant la technique du packing, sa condamnation devrait elle aussi provoquer la mobilisation de ses défenseurs.  

    "Absence de données sur l'efficacité" des méthodes

    La HAS et l'ANESM anticipent d'ailleurs ces réactions en indiquant, page 51 de leur recommandation, que "certaines personnes ayant participé au comité d'organisation ou aux groupes de pilotage, de cotation et de lecture peuvent être en désaccord avec tout ou partie de cette recommandation. La liste des personnes qui auront manifesté leur désaccord sera insérée dans la recommandation au plus tard le 31 mars 2012". 

    En plus du rapport lui-même, la HAS et l'ANESM ont rédigé un communiqué explicatif intitulé Autisme, questions/réponses. La principale polémique est abordée dans la question 8: "Quelle est la position de la HAS et de l'ANESM sur les interventions fondées sur les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle?" Cette fois, la rédaction est un peu différente: "L'absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à leur pertinence". "Non pertinent" apparaît ici comme un qualificatif intermédiaire entre "non consensuel" et "non recommandé". Et une concession faite aux détracteurs de la psychanalyse.  

    L'importance de la recherche clinique

    Dans la réponse à la même question, la HAS et l'ANESM précisent: "Ceci doit inciter les équipes des centres hospitaliers universitaires et des autres organismes ayant une mission de recherche à développer la recherche clinique". Autrement dit, les instances encouragent les projets de recherche qui pourraient permettre d'évaluer l'efficacité de ces pratiques. Ce qui apparaît, cette fois, comme un gage donné aux défenseurs de la psychanalyse.  

    Cette recommandation permettra-t-elle d'améliorer la prise en charge des enfants autistes? Va-t-elle au contraire radicaliser un peu plus les pros et les anti-psychanalyse? Verra-t-on s'intensifier la guerre entre les associations de parents et les professionnels qui utilisent la psychanalyse? Les réactions que le rapport ne manquera pas de susciter permettront d'en juger. Dans ce débat passionnel, la méthode dite du "consensus formalisé" adoptée pour la recommandation montre en tout cas ses limites. 


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