• 2 avril 2012, Journée de l'autisme : la France en bleu ! - Information Handicap.fr

    2 avril 2012, Journée de l'autisme : la France en bleu !
    Publié le : 20/02/2012
    Auteur(s) : Handicap.fr - E.Dal'Secco http://www.handicap.fr
    Résumé : 2 avril : Journée de l'autisme. A cette occasion, 250 monuments dans le monde seront éclairés en bleu. Les particuliers sont invités à se joindre à cette féérie électrique... pour que le courant passe avec les 67 millions de citoyens autistes !
     Le 18 décembre 2007, l'Assemblée générale des Nations unies adopte une résolution instituant le 2 avril « Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme ». Pour que cette date ne reste pas inerte dans un calendrier, une idée étonnante germe alors... C'est l'opération « Light it up blue » qui, en 2012, promet, une fois encore, de colorer nos nuits en bleu.

    Le coup d'éclat made in USA

    Au-delà des brainstormings et autres discours de spécialistes, il fallait, à ce rendez-vous mondial, un coup d'éclat, capable de heurter les esprits et de susciter la curiosité du grand public. A défaut de « journée », c'est la nuit qui s'y colle. Autism Speaks, l'association internationale de référence en matière d'autisme, a donc décidé, en 2010, de lancer cette campagne en demandant à tous, monuments, bâtiments publics mais aussi privés, restaurants, magasins, musées, de s'illuminer de bleu. Tout un symbole : mettre l'autisme dans la lumière !

    250 monuments illuminés

    Un éclairage titanesque pour les 67 millions de personnes autistes dans le monde et près de 600 000 en France ! Cette initiative, déjà très populaire aux Etats-Unis, suscite peu à peu un engouement planétaire. En 2012, 250 monuments et sites majeurs de notre patrimoine mondial ont accepté ce coup de projo audacieux : les chutes du Niagara, l'Empire state building, l'Opéra de Sidney, le Corcovado de Rio... 48 pays impliqués pour donner de la visibilité à ces « men in blue » !

    Nos maisons en bleu

    Cette initiative est soutenue par le Collectif autisme, qui, en France, regroupe les huit principales fédérations de personnes autistes. En 2011, déjà, une première expérience avait été menée puisque l'église Notre-Dame de la Charité-sur-Loire, inscrite au patrimoine mondiale de l'Unesco, s'était parée d'azur. Un impact encore timide dans la nation du « bleu-blanc-rouge » ! Mais, en 2012, cette opération « La France en bleu » devrait être déployée à plus grande échelle. Peut-on faire le pari que la Tour Montparnasse, l'Assemblée nationale, l'Arc de Triomphe opteront pour un look en « bleu-bleu-bleu » ?

    Les individuels sont évidemment invités à se joindre à cette féérie en plongeant leur maison dans une douce lueur céleste dans la nuit du 1er au 2 avril 2012. Une technique d'éclairage très simple, un budget dérisoire, puisqu'il suffit de poser des gélatines de couleur sur les lampes existantes... Un acte de solidarité majeur et, sur le plan esthétique, que du bonheur !

    • Site de l'opération (en anglais) :
    www.lightitupblue.org
    www.collectif-autisme.org


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  • Autisme: des différences cérébrales visibles dès 6 mois

    Créé le 20-02-2012 à 17h38 - Mis à jour le 21-02-2012 à 12h4

    Des différences de développement dans le cerveau d'enfants autistes se manifestent très tôt, révèle une étude, entre 6 mois et 2 ans.

    Le cerveau des autistes est différent de celui des personnes ‘normales’, qui ne souffrent pas de ces troubles du développement neurologique. De nombreux travaux utilisant l’imagerie cérébrale fonctionnelle, comme ceux menés par Monica Zilbovicius en France (Inserm/CEA), ont révélé ces différences impliquées dans les difficultés de communication et d’interactions sociales des autistes. Une étude menée aux Etats-Unis montre que ces différences sont le fruit d’un long et progressif développement tout au long de l’enfance.

    L’équipe dirigée par Joseph Piven (University of North Carolina) a comparé le développement cérébral de 92 enfants à 6, 12 et 24 mois. Ils avaient tous un aîné diagnostiqué autiste : un terrain génétique qui les place d’emblée dans une catégorie "à haut risque" de souffrir de troubles du spectre autistique (TSA).

    A deux ans, 28 de ces enfants montraient les symptômes des TSA. Or la technique d’imagerie cérébrale utilisée par les chercheurs a révélé que chez ces enfants le développement de la matière blanche était différent dès l’âge de 6 mois. Cette matière blanche est riche en fibres nerveuses, entourées d’une gaine protectrice, la myéline. Elle est essentielle pour le transport des signaux nerveux et donc de l’information entre différentes parties du cerveau.

    En reconstruisant en 3D la forme de cette matière blanche, Piven et ses collègues ont observé un développement plus lent de ces fibres entre 6 et 24 mois chez les enfants qui ont été diagnostiqués autistes.

    Ces observations ne permettent pas encore de définir un nouvel outil de dépistage des TSA mais elles peuvent aider à les mettre au point, soulignent les chercheurs, qui publient leurs travaux dans l’American Journal of Psychiatry.

    L'importance des gènes synaptiques

    D’autres résultats importants ont été publiés ce mois-ci dans PLoS Genetics par l’équipe de Thomas Bourgeron (Institut Pasteur/CNRS) sur les bases génétiques de l’autisme. Les analyses de ces chercheurs révèlent le rôle d’une protéine localisée sur les synapses, les points de contact entre les neurones, dans les troubles autistiques. Une mutation du gène SHANK2 qui code cette protéine provoque une baisse du nombre de synapses et donc une moins bonne communication entre les neurones.

    Bataille contre la psychanalyse

    L’autisme est déclaré Grande cause nationale 2012 en France. La Haute autorité de santé doit publier le 6 mars prochain ses recommandations de bonnes pratiques pour le diagnostic et la prise en charge de l’autisme. D’après le journal Libération, ce rapport pourrait officiellement désavouer la psychanalyse dans la prise en charge de l’autisme –un rôle vivement dénoncé par les parents d’enfants autistes et qui ne subsiste qu’en France, où Lacan a fondé une école très influente. La bataille fait rage entre tenants des méthodes comportementalistes, appliquées partout dans le monde, et tenants de la psychanalyse, qui a défini l’autisme comme une maladie psychologique liée à de mauvais rapports mère-enfant (lire Autisme: un documentaire met la psychanalyse à l'épreuve).


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  • Autisme : la HAS sous pressions ?

    par EgaliTED (son site) jeudi 16 février 2012

    Le 6 mars prochain, lors d’une conférence de presse, la Haute Autorité de Santé doit rendre publique ses recommandations de prise en charge de l’autisme, au cours d’une conférence de presse. Cet évènement est très attendu depuis des années par les associations de familles, qui récusent l’approche psychanalytique majoritairement utilisée en France et demandent des prises en charge éducatives cognitivo-comportementales comme en Belgique ou en Espagne. Or, cette semaine, une partie de ces recommandations a « fuité » dans la presse, provoquant une levée de boucliers du milieu psychanalytique, et une forte inquiétude des associations.

    L’enjeu est de taille (voir notre précédent article sur Agoravox). En effet, au vu de la version préliminaire émise en juillet 2011, il apparaît qu’enfin les prises en charge éducatives cognitivo-comportementales (ABA et TEACCH principalement), largement demandées par les familles et leurs associations, voient leur utilité et leur efficacité reconnue. C’est un soulagement qui se profile pour les familles d’autistes, car enfin on donne des arguments scientifiques qui étayent leurs demandes, souvent incomprises voire rejetées par les psychiatres ou les MDPH, en charge de compenser les coûts de ces prises en charge.
     
    Mais la question va beaucoup plus loin : en effet, la HAS doit également recommander, ou ne pas recommander, les prises en charge actuellement les plus utilisées en France, d’inspiration psychanalytique. Ce type de prise en charge est rassemblé sous le vocable « psychothérapie institutionnelle » et est basé sur l’idée que l’autisme est une maladie du psychisme. On tente alors de le « soigner » en fonction des théories d’éminents psychanalystes, ce qui concrètement se traduit par une thérapie familiale, ou une psychothérapie de l’enfant, ou encore des « médiations thérapeutiques » tels l’atelier conte, l’atelier cheval, l’atelier poterie, l’atelier pataugeoire (dit aussi « flaque thérapeutique ») ou le très controversé « packing ».
     
    Force est de constater la faiblesse voire carrément l’absence manifeste de preuves scientifiques de l’utilité et de l’efficacité éventuelle de ces thérapies, ainsi que la méconnaissance totale d’effets indésirables, en particulier en ce qui concerne le « packing ». Ce sujet est d’ailleurs actuellement débattu par l’Ordre des Médecins (une audience est prévue à Lille ce 16 février).
     
    Par ailleurs le contexte est extrêmement tendu, l’autisme ayant été déclaré « Grande Cause Nationale 2012 », suite à quoi le Député Mr Daniel Fasquelle, président du groupe d’études sur l’autisme de l’Assemblée Nationale, a déposé un projet de loi visant à interdire les prises en charges psychanalytiques dans le cadre de l’autisme, puis plus récemment a interpellé les Présidents d’Université pour leur demander de faire cesser les formations psychanalytiques sur l’autisme, non-conformes aux connaissances scientifiques actuelles.
     
    Les recommandations provisoires émises en juillet dernier ont fait l’objet d’une large consultation publique, à laquelle la plupart des associations de familles ont répondu (notre précédent article s’en faisant l’écho). Suite à cette consultation, la Haute Autorité de Santé devait effectuer une dernière synthèse puis publier les recommandations définitives lors d’une conférence de presse prévue le 6 mars prochain. Mais une fuite dans « Libération » est venue semer le trouble dans les esprits. Selon ce quotidien, dans lequel les psychanalystes tiennent fréquemment tribune, la dernière mouture des recommandations classerait les interventions psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle dans les « interventions non recommandées ou non consensuelles ». En clair, devant l’absence de preuve d’efficacité, ce type de prise en charge n’aurait aucune raison d’être recommandé pour les autistes – comme un emplâtre sur une jambe de bois en somme… Par ailleurs le packing serait montré du doigt, la Haute Autorité manifestant son « opposition formelle » à cette pratique.
     
    Une mise au point a été aussitôt publiée par le Directeur Général de la HAS, qui indique que « le paragraphe sera certainement modifié, car la demande en a été faite, pour être "mieux contextualisé", en insistant sur le fait que "ce qui est non consensuel ne veut pas dire non recommandé". » Quant au packing, la HAS n’a ni la vocation ni le pouvoir d’interdire sa pratique, mais se déclare en effet opposée à son utilisation même dans les cas extrêmes et exceptionnels, ne le tolérant que dans le cadre d’un protocole de recherche.
     
    Cette déclaration a aussitôt soulevé une grande inquiétude parmi les associations de parents. L’allusion à une demande de modification rappelle en effet l’épisode survenu en 2010, lorsque la HAS a émis son « Etat des Connaissances  » sur l’autisme. A cette époque, des manœuvres de dernière minute par certains représentants des psychiatres d’obédience psychanalytique avaient été conduites dans le but de maintenir la notion de « psychose infantile », et que conformément aux pratiques internationales on établisse enfin la nature neurodéveloppementale de l’autisme. Ces manœuvres avaient été dénoncées par voie de presse et contrées aussitôt par les associations de parents qui avaient exigé le maintien du texte d’origine ; au final un compromis acceptable avait été trouvé, le texte mentionnant « Les termes « psychose précoce » ou « psychose infantile » et « psychose infantile précoce » sont contestés en raison des difficultés d’interprétation qu’ils entraînent », le texte d’origine du rapport (avant l’intervention en coulisses) étant relégué dans une note de bas de page, parlant de termes « inappropriés car [entraînant] des confusions et des contresens entre psychose et TED. »
     
    L’inquiétude des associations de parents n’a fait que grandir alors que l’article de Libération était repris très rapidement par l’ensemble de la presse écrite, puis radiophonique. On a ainsi pu entendre des attaques d’une grande virulence envers ce document de la HAS par des psychiatres psychanalystes habitués des médias, en particulier sur France Culture et France Inter. Le Parti Communiste a même pris position dans l’Humanité  !
     
    Le très médiatique Pr Bernard Golse a pour sa part su occuper le terrain ; ainsi sur France 5 le 14 février, où il a pu exprimer son discours habituel, d’apparence consensuelle et bien connu des parents, cependant émaillé d’inexactitudes qui ne peuvent qu’être intentionnelles. Par exemple lorsqu’il énonce que « dans le domaine de l’autisme, toutes les méthodes d’approches qu’on a – cognitive, psycho comportementales, psycho-thérapeutiques, etc… Rien n’est validé. Il y a des choses en cours de validation mais rien n’est validé et pas plus de méthodes ABA que d’autres ». Cette phrase est erronée, la méthode ABA a démontré son efficacité, contrairement aux approches psychanalytiques, et c’est précisément pour cela que les recommandations provisoires de la HAS la recommandent, comme le font déjà depuis des années les recommandations des autres pays.
     
    Dans la même intervention le Pr Golse déclare : « C’est un peu dommage que le rapport soit sorti avant l’heure car il était encore en cours de validation par les différentes instances professionnelles. J’aurais du mal à le signer s’il sort sous cette forme là. », puis un peu plus tard « ça ouvre une petite fenêtre de discussion pour retrouver des formulations qui satisfassent les uns et les autres ».
     
    Pour les associations de parents, dont les principales ont participé elles aussi à l’élaboration des recommandations de la HAS, tout est clair : le texte ne leur convenant pas, et devant l’absence d’argument objectifs disponibles pour le contester, les psychanalystes auraient décidé de jouer leur va-tout en organisant la fuite dans « Libération » puis la tempête médiatique qui s’ensuit. Il s’agirait de faire pression sur le comité de pilotage des recommandations et sur la Direction de la HAS, tout en présentant, par la voix en apparence plus « modérée » du Pr Golse, une porte de sortie négociée (« retrouver des formulations qui satisfassent les uns et les autres »). Le tout sous la menace à peine voilée d’un refus de signer le document final.
     
    Mais cette manoeuvre de la dernière chance dont on soupçonne les psychanalystes est à double tranchant. D’une part, ils ne sont pas les seuls à pouvoir refuser de signer ; les associations de familles ayant participé à l’élaboration du document sont également signataires, et leur refus de signer signifierait la continuation du scandale français actuel, dans lequel les familles se méfient des psychiatres et préfèrent fuir en Belgique ou bricoler une prise en charge ABA ou TEACCH par leurs propres moyens plutôt que confier leur enfant à l’hôpital de jour.
     
    D’autre part un refus de signer par les psychanalystes officialiserait leur mise en marge des recommandations officielles, et donc leur opposition frontale aux parents des enfants qu’ils professent vouloir aider, ce qui serait pour le moins paradoxal.
     
    On peut d’ailleurs s’interroger sur la teneur des propos du Pr Golse. Voila un médecin psychiatre, chef de service de pédopsychiatrie à l’hôpital Necker, en charge du diagnostic de nombre d’enfants porteurs d’autisme, et de surcroit membre du Conseil d’Administration du Centre Ressource Autisme d’Ile de France, qui déclare publiquement au sujet de l’autisme : « On parle d’un enfant sur 150, vous vous rendez compte, ce qui serait énorme. Mais on mélange tout, comme s’il y avait une épidémie d’autisme. (…) Tout cela est incohérent. » Ce faisant, le Pr Golse conteste frontalement les recommandations de diagnostic de la HAS, qu’il est censé appliquer dans son service, et qui ont été émises par la Fédération Française de Psychiatrie dont il est membre ! En son temps, Mr Chevènement avait déclaré, au sujet de son désaccord sur la Guerre du Golfe, « un Ministre ça ferme sa gueule ou ça démissionne » ; on peut se demander dès lors si le Pr Golse ne devrait pas prendre ses responsabilités et tirer les conséquences logique de son attitude de rejet des avancées scientifiques et médicales qu’il est chargé d’appliquer.
     
    Au final, au milieu du champ de bataille qu’est devenue la question de l’autisme en France, en cette année de Grande Cause Nationale, le sort des autistes et de leurs familles reste pour l’instant suspendu aux discussions probablement animées qui ont lieu dans les bureaux de la HAS, et dans l’attente du dénouement le 6 mars prochain. L’espoir de tous est que la raison et l’objectivité scientifiques puissent prévaloir face à l’irrationnel de la doctrine psychanalytique, et que la France, après être passé de la préhistoire au moyen-âge dans ce domaine, puisse avancer de nouveau et rejoindre un jour prochain les autres nations développées qui utilisent depuis 30 ans le TEACCH et l’ABA après avoir depuis longtemps tourné le dos aux théories et pratiques psychanalytiques pour l’autisme.
     
    La psychanalyse survivra à ces évènements quoi qu’il arrive. L’enjeu ici n’est pas le sort d’une idée ou d’une discipline, mais bien l’avenir d’êtres humains depuis trop longtemps maltraités par la volonté de préserver des théories obsolètes.

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  • Un thème plus politique qu’il n’y parait : psychanalystes contre comportementalistes

    par modesto (son site) mercredi 15 février 2012

    De plus en plus, la querelle entre psys se développe. La prise en charge des enfants autistes va faire de nouvelles victimes : les psychanalystes qui vont se voir retirer la légitimité technique de fonder toute action éducative sur les apports de Freud, Lacan, Bettelheim et Mannoni, jugés "insuffisamment efficaces". Les tenants des approches dites cognitivo-comportementales (TCC) ; porteurs d'alternatives (ABA, TEACCH) se frottent les mains... Et si cette guerilla avait un fond bien plus politique qu'il n'y paraît ?...

    La décision de la haute autorité de santé (HAS) -qui sera publiée le 8 mars prochain selon Libération.fr- de ne plus recommander en tant que bonne pratique l’approche psychanalytique dans la prise en charge des enfants atteints d’autisme, qualifiés de « troubles envahissants du développement » bat encore un peu en brèche le dogme freudien largement dominant dans la psychiatrie française.

    Après l’INSERM en 2004, qui avait osé comparer les principales psychothérapies (cognitivo-comportementales, psychanalytiques, systémiques) au travers d’un protocole d’évaluation, ce fut l’ouvrage collectif « Le Livre noir de la psychanalyse », paru en 2005 (éd. Les Arènes), sous la direction de Catherine Meyer, qui mettait en évidence la faiblesse curative de la psychanalyse face à des troubles jusque-là qualifiés de psychotiques et que le psychiatre américain d‘origine autrichienne Bruno Bettelheim avait engagé dans une voie controversée : celui d’une relation morbide à la mère.

    Michel Onfray dans son ouvrage paru en 2010 « Le Crépuscule d'une idole ; l'affabulation freudienne » (Grasset), avait alerté sur les fondamentaux viciés de la doctrine freudienne en remontant aux schémas de départ établis par le « maître viennois », en particulier quant à son modèle de la sexualité.

    Face à ces mises en cause, c’est Elisabeth Roudinesco, grande papesse de la psychosphère germanopratine, qui a organisé la riposte, et pas toujours dans la dentelle (« Pourquoi tant de haine  » ?).

     

    Or, concernant la prise en charge de l’autisme, de nombreuses expérimentations alternatives nous sont parvenues récemment, le plus souvent des pays anglo-saxons, ce qui les rend suspectes aux yeux de nombreux psychanalystes et intellectuels hexagonaux, sceptiques à l’endroit de tout ce qui vient d’un monde capitaliste, volontiers utilitariste, pour ne pas dire simpliste au plan intellectuel (tous les pays n’ont pas la chance d’avoir une intelligentsia aussi brillante que sur la rive gauche).

    La littérature spécialisée abonde de ces expériences, appelées TEACCH, ABA ou autres démarches fondées sur les apprentissages, mais qualifiées de démarches comportementalistes, autrement dit, dans la culture psychanalytique, démarches diaboliques !

    Il y a quelques semaines, sortait un documentaire de Sophie Robert, intitulé « Le Mur », critiquant les approches issues de la psychanalyse telles que le « Packing », technique très controversée et de plus en plus refusée par les parents, et décrivant ces approches alternatives, en vigueur chez nos voisins européens mais obstinément refusées en France par le puissant lobby des tenants de la psychanalyse freudo-lacanienne. Ce film, qui met bien en évidence l’impuissance de la psychanalyse à traiter quoi que ce soit e matière d’autisme, a été censuré suite à un recours en justice des psychanalystes qui ne le jugeaient pas assez « équilibré » : non seulement il n’a jamais été diffusé, mais il n’est même plus visible sur internet.

     

    La querelle prend une tournure politique quand on voit apparaître en 2004 Bernard Accoyer, alors député UMP de Haute-Savoie (et par ailleurs médecin), voulant encadrer rigoureusement les pratiques thérapeutiques extrêmement diverses, voire éclatées, en les confiant principalement aux médecins -psychiatres ou généralistes- ou aux psychologues cliniciens issus de l’université. La bronca des psychanalystes, emmenés par Jacques-Alain Miller, et gendre de jacques Lacan, permit à ces derniers de pouvoir continuer à exercer en tant que tels à côtés des psychiatres, excluant par-là, de concert, les autres formes thérapeutiques alternatives. Mais la méfiance s’installait ou plutôt se renforçait entre « psys » et politiciens de droite, suspects de ne pas respecter « l’irréductible singularité du sujet »…

    Dans la polémique apparemment technicienne qui se développe, on trouve, d’un côté, des intellectuels se revendiquant peu ou prou de gauche (à côté d’Elisabeth Roudinesco, on trouve Catherine Clément, Serge Hefez, Eric Laurent, et beaucoup d’autres….), de l’autre des élus ou experts généralement classés à droite : Accoyer, donc mais aussi le député UMP du Pas-de-Calais Daniel Fasquelle, le journal « Le Point », etc… Il n’est sans doute que la pédiatre Edwige Antier pour se situer à contre-courant, étant à la fois d’obédience psychanalytique et membre de l’UMP.

    Sur le terrain, que je fréquente assidument depuis une trentaine d’années, d’abord en tant qu’éducateur spécialisé et responsable de service médicosocial puis, depuis une douzaine d’années, comme consultant et formateur de l’action sociale et médicosociale, les clivages sont tranchés et les confrontations encore vives. Le point Godwin n’est jamais loin et, ne serait la dimension hyper-spécifique à laquelle n’accède pas le commun des mortels qui n’en perçoit pas la dimension potentiellement politique, ce thème ne lasse pas d’agiter les professions intellectuelles supérieures (enseignants, écrivains, artistes, travailleurs sociaux, thérapeutes, etc) qui se situent ici dans une dialectique idéologique très vive entre les tenants d‘une soi-disant « vraie gauche » intransigeante, anti-libérale, subversive, radicale, un brin léniniste, et les tenants supposés -selon les représentations des premiers- d’une américanisation rampante, de l’imposture d’un management de l’humain, d’une « marchandisation du social », d’une réduction du sujet au rang de simple client, quand ce n’est pas purement et simplement du « conspirationnisme » (Roudinesco)…

    Les anathèmes ne manquent pas ! La polémique sur la prise en charge des autistes est encadrée par un « Collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire » (sic)….

     

    En fait , les querelles politiques trouvent ici un terrain atypique que ne reconnait pas bien le militant de gauche traditionnel, attaché à des valeurs, à des catégories structurantes comme ses propres intérêts de classe ou les pratiques du pouvoir (et là, avec Sarkozy, ce dernier critère pourrait presque suffire pour se positionner à gauche !)

    Ces antagonismes, outre qu’ils s’inscrivent dans les questions de la construction scientifique des savoirs, donc sujette à des réfutations salutaires, montrent que les positionnements politiques s’intègrent de plus en plus dans des champs de pensée très spécifiques et morcelés, de plus en plus éloignés des enjeux habituels.

    Dès lors, on ne s’étonne plus des états d’âme polymorphes et improbables des bobos qui traversent le champ de la gauche !

    J’affirme ici que le Socialisme est un rationalisme, qui promeut le progrès scientifique et humain et que le règne des émotions, des états d’âme, du Romantisme et du bonheur des gens contre eux-mêmes ne présage rien de bon pour la cause progressiste. Et c’est Hollande qui vaincra !


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  • Voici l'article paru ce jour sur le site de l'Express ; je n'ai pas les mots pour exprimer ce que je ressens.... c'est une énorme et incroyable Victoire... :

    Autisme: la psychanalyse désavouée par la Haute autorité de santé

    Par Estelle Saget, publié le 13/02/2012 à 14:56, mis à jour à 15:26

    La HAS a pris position contre l'utilisation de la psychanalyse dans le traitement de l'autisme.

    AFP/PHILIPPE HUGUEN

    Dans un rapport à paraître le 6 mars, la HAS a désavoué la psychanalyse dans le traitement de l'autisme. La présidente de la principale association de parents d'enfants autistes, Danièle Langloys, se félicite de cet avis. 

    La prise de position de la Haute autorité de santé (HAS) sur les méthodes adéquates pour accompagner les enfants autistes était très attendue. Ses "recommandations de bonne pratique " seront rendues publiques le 6 mars, mais le quotidien Libération en a révélé aujourd'hui le point clé: "L'absence de données sur leur efficacité et la divergence des avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence des interventions fondées sur les approches psychanalytiques, ni sur la psychothérapie institutionnelle".  

    Ainsi, le groupe de travail réuni par la HAS classe la psychanalyse parmi les "interventions globales non recommandées ou non consensuelles". En des termes prudents, il désavoue très clairement ce mode d'intervention, toujours utilisé en France auprès des enfants autistes, alors qu'il ne figure dans aucune recommandation internationale. Les conclusions de la HAS ne constituent pas une interdiction de la psychanalyse, puisque les "recommandations de bonne pratique" ne sont pas opposables sur le plan juridique. Mais elles constituent une référence, quant à l'exercice approprié de la médecine, et les magistrats les prennent en compte lorsque des affaires sont portées devant les tribunaux. Sollicitée par L'Express, la présidente de la principale fédération d'association de parents d'enfants autistes, Autisme France, Danièle Langloys, salue "l'objectivité" de la HAS. "Le désaveu de la psychanalyse est une victoire acquise de haute lutte", ajoute-t-elle. 

    Deux écoles s'affrontent :

    Il s'agit en effet d'un tournant historique, dans la prise en charge des troubles envahissants du développement (TED), une dénomination regroupant les difficultés de communication apparaissant dès l'enfance, dont l'autisme. Car deux écoles s'affrontent, en France, dans une guerre totale qui perdure depuis des années. D'un côté, les psychiatres d'obédience psychanalytique, vilipendés sur les forums de discussion fréquentés par les parents sous le diminutif vengeur de "psykk". Ils considèrent l'autisme comme un problème psychique causé par une mauvaise relation avec la famille, la mère en particulier, bien que ces théories aient été invalidées par les neurosciences. De l'autre, les psychiatres et psychologues qui défendent les nouvelles méthodes éducatives et comportementale utilisées à l'étranger.  

    Il existe en effet un consensus international pour définir l'autisme comme un handicap, dans lequel les capacités à échanger avec l'entourage sont altérées, et qu'on peut compenser. Ces équipes, encore trop peu nombreuses, comptent d'ailleurs sur l'avis de la HAS pour convertir leurs pairs. Ains, le Dr Nadia Chabane, pédopsychiatre à l'hôpital Robert Debré, à Paris, responsable du pôle autisme depuis 1996, estime que celui-ci clarifie la situation. " Les prises en charge comportementales et éducatives fonctionnent bien, confirme-t-elle. Il faut que l'information passe dans toutes les structures qui interviennent auprès d'enfants autistes". 

    Elle est entrée en résistance et défend le libre choix, quant à la manière d'éduquer les enfants 

    Les parents, eux, se rangent massivement dans le deuxième camp. En tout cas, ceux qui ont rejoint les associations, nombreuses, pour que l'autisme soit mieux pris en charge. La présidente d'Autisme France, Danièle Langloys, a fait partie du groupe de travail qui a élaboré les recommandations de la HAS. Pour cette femme de 62 ans, dont le fils autiste a aujourd'hui 27 ans, la lutte est plus que jamais d'actualité. "Les psychiatres psychanalystes ont fait la guerre aux familles pendant trente ans, s'indigne-t-elle. Il était grand temps de les contrer". Et d'ajouter: "Beaucoup de parents, trop isolés, ne connaissent pas leurs droits et sont encore terrorisés à l'idée de s'opposer aux médecins qui suivent leur enfant. Mais la nouvelle génération, mieux informée, est plus radicalisée que la précédente. Elle est entrée en résistance et défend le libre choix, quant à la manière d'éduquer les enfants". Elle conclut: "Chacun pense ce qu'il veut de la psychanalyse, ce n'est pas notre propos, mais elle n'a rien à faire dans le champ de l'autisme". Jusqu'ici, les parents militants dans les associations passaient souvent pour des extrémistes, dont la détresse expliquerait la virulence des propos. La position de la HAS lève cette ambiguïté.


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